BRICE CHAMBARD

FONDATEUR, OBIZ

De l’adolescent turbulent à la direction d’un groupe comptant plus de cent collaborateurs, Brice Chambard a vu son cheminement passer par des chambardements majeurs. Après une scolarité chaotique qui restera en suspension à partir de la seconde, le jeune homme décide de rejoindre l’armée de terre, les rangs de ceux que l’on appelle « les volontaires » : « Même si j’y suis allé à rebrousse-poil, cette discipline m’a sauvé. » Œuvrant en régiment de chasseurs alpins puis de troupes de marine, le télégraphiste transmet depuis des valeurs qui ne se sont jamais effacées – camaraderie, esprit de corps et loyauté. C’est lors d’un stage commando au Gabon que Brice, alors membre de « la Grande Muette », reste sans voix, en voyant ce que représente, pour certains enfants, le reste d’une ration de combat. De retour à son berceau lyonnais, il bascule dans le privé, carbure à cette abnégation dont il a fait sa signature, et commence par se construire une carrière dans la sécurité. Entre deux interventions de ses maîtreschiens, entre deux départs aux aurores pour Grenoble, Lille ou Paris, le jeune homme réintègre les études jusqu’à empocher son MBA de Management Général à l’emlyon. Devenu cadre dirigeant pour un géant américain, le triptyque « ordre, contre-ordre, désordre » l’incite toutefois à reprendre sa trajectoire en main : « On nous envoyait des batteries de consultants qui préconisaient un jour la centralisation, le lendemain, la décentralisation… J’ai su que le sens avait disparu quand on a été rachetés par Black & Decker – quel lien entre le bricolage et la sécurité ? » Vice-champion de France de kickboxing en 1995, président-fondateur de son club à la Croix-Rousse, l’adepte du contact tacle plusieurs problématiques de front en créant Obiz : promouvoir la pratique du sport en proposant des offres exclusives, pallier le manque d’adhérents que connaissent les fédérations et soutenir le pouvoir d’achat. Dans la foulée, Brice mènera sa première réunion entrepreneuriale durant une session de course à pied ; celui qui ne fait aucune place à l’imprévu améliorera son modèle et fera son maximum pour être et durer.

Avec une présence dans plus de vingt pays, le groupe Obiz a prouvé l’efficacité de ses programmes de fidélisation ; depuis le lancement le 24 décembre 2010, Brice n’a cessé d’honorer ses promesses de fidélité. Au-delà du développement de son entreprise pour s’élargir aux CSE, aux commerces de proximité comme aux leaders du CAC 40, mais aussi des institutions aussi emblématiques que La Poste – « les valeurs citoyennes du service public, forcément, cela résonne en moi ! » –, Brice mesure ses avancées en formation serrée. Les parcours teintés de bonheur, lorsque la directrice administrative et financière du groupe devient également directrice générale adjointe ; les intégrations de filiales qui forcent l’admiration et se font en douceur – « le dirigeant d’Adelya a soixante-seize ans et c’est un puits de science, il est notre maître Yoda ! » L’entrepreneuriat ayant aussi sa part d’heureux hasards, celui qui s’avoue volontiers « straight to the point » n’est pas insensible aux ricochets. Avec Brice, une simple rencontre en 2013 dans le TGV peut donner suite à une décennie de complicité : « Je revenais de Paris, euphorique d’avoir signé mon premier gros contrat avec AXA. J’ai voulu partager ma joie avec l’inconnue en face de moi : c’était Sophie Sauvage, qui est devenue un pilier du programme Pépites ! » Toujours en mouvement, au point qu’il sprinte littéralement de porte en porte dans ses locaux – « c’est vrai il faut me suivre ! » –, Brice n’est toutefois pas du genre à laisser la croissance le faire oublier ses racines. Le réservoir du Mirage 2000 trônant chez Obiz, « offert par les copains », ainsi que le traité de Sun Tzu toujours sur son bureau, rappellent que ses engagements ne prennent pas une ride. Plus encore qu’une « soupape de sécurité », le milieu associatif et les attaches au drapeau continuent de faire battre son cœur, lorsque soixante militaires font la SaintéLyon avec lui pour une noble cause ; lorsqu’il fait intervenir une commissaire divisionnaire de Saint-Cyr dans les écoles pour sensibiliser aux violences intra-familiales. Tout treillis, tricolore et kaki que le gendarme réserviste opérationnel puisse apparaître, Brice a aussi conservé son penchant frondeur : « À dix-sept ans, je rêvais d’une boîte où la richesse serait redistribuée équitablement – mon côté idéaliste ! J’ai pu réaliser ce rêve partiellement avec l’introduction en bourse d’Obiz, en mettant en place un plan d’actions gratuites pour tous les collaborateurs. L’idée de la SCOP me travaille aussi beaucoup… ! »

S’il est fier qu’Obiz soit la première entreprise relevant le défi Pépites – « de un à cent millions de chiffre d’affaires ! » –, il faudrait un répertoire entier pour détailler le sens de l’initiative de ce fan du Bréviaire de l’Homme d’Action. Mécénat de compétence pour la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, création d’une fondation d’entreprise qui participe à Second Souffle et 60 000 rebonds, recherches destinées à servir ceux qui servent, Brice illustre la devise du treizième régiment de dragons parachutistes – « aller au-delà du possible. » Et même encore plus loin, puisque ce doctorant en techniques d’optimisation du potentiel et de la performance mobilise HOP, une application créée par passion afin de développer des techniques spécifiques aux côtés des forces spéciales : « Nous travaillons sur la communication d’influence et de crise, sur l’audition de témoins, de victimes, de suspects, de même que sur des méthodes de respiration permettant d’être au maximum de sa disponibilité physique et mentale. Ce que nous construisons est ensuite adaptable au monde civil ! » L’on peut bien s’interroger sur la façon dont il imbrique autant de réalités dans une seule journée, au point d’avoir encore le temps de battre la campagne, à la recherche d’un pâturage pour le destrier de sa fille, qui n’aurait su être mieux nommé – Ardent. Ce père de trois enfants se défend d’être un cyborg ; il répondrait d’un argument de pure logique concernant ses prouesses chronométriques : « Il y a quatre-vingt-six-mille-quatre-cents secondes dans une journée ; c’est normal d’avoir des milliers d’activités différentes ! » S’il semble toujours démultiplié en cinq, en six ou en sept, c’est que Brice s’en tient à ce précepte de générosité auquel il a toujours cru : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu. »

portrait brice chambard

Entreprendre ?

C’est s’exposer ! Par ses idées, d’abord, puis en démontrant sa capacité de mise en œuvre.,Avoir des idées est un début, mais ne pas les concrétiser, ce n’est guère différent de n’avoir pas d’idée du tout ! Entreprendre, c’est aussi s’exposer au risque. Il faut aimer se faire mal ! Derrière la réussite se cachent quelques renoncements et d’immenses efforts de préparation.

Alexandre Rocco

Baptiste Privé

Benjamin Kohen

Damien Fauve

Louis Veyret

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Marion Guichard

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Pascal Charrier

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Sacha Stojanovic

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Thomas Baverel

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